Sexisme ordinaire, détartrage misogyne et friendzone rageux

Aujourd’hui dans mon fil d’actu facebook, je suis tombée sur un top qui promeut les posts d’un tmblr nommé « Lole avec les connes », qui se veut lutter contre le « sexisme ordinaire ».

On y voit une certaine Charlotte poster des commentaires sarcastiques sur des posts de magazines féminins ou revues diverses qu’elle juge sexiste. Je suis restée dubitative devant son exaspération sur un post de « Mode & Travaux » qui procurait un conseil pour détartrer son fer à repasser. Le post ne dit pas « hey les filles, petite astuce pour détartrer votre fer et pouvoir repasser les chemises de votre homme ». Les femmes n’étaient pas mentionnées, l’article, bien qu’issu d’un magazine « féminin », n’excluait cependant pas les hommes. Moi qui pensais être pointilleuse sur la question du sexisme, j’ai trouvé plus balèze que moi.

Par contre se victimiser à ce point sur l'article d'un pauvre magazine qui ne demande rien à personne, ça va grave faire avancer notre cause.

Par contre se victimiser à ce point sur l’article d’un pauvre magazine qui ne demande rien à personne, ça va grave faire avancer notre cause.

J’ai donc survolé ce top que j’ai trouvé insipide, comme beaucoup de tops de cette rédactrice de chez topito, d’ailleurs. Ensuite j’ai fait l’erreur de lire les commentaires. Ne JAMAIS lire les commentaires. L’humanité m’effraie souvent, me déprime parfois.

D’accord, ce top était à mes yeux sans intérêt, j’aurais dû cliquer sur la croix et ne plus jamais y revenir. J’ai toutefois beaucoup de mal avec ces filles qui veulent se donner un genre et crachent sur le féminisme parce que après tout, c’est vrai que défendre sa propre cause, c’est idiot. Je suis la première à dire qu’il faut faire un féminisme intelligent. Mais nier qu’il y a encore de vrais efforts à faire, c’est tout simplement se voiler la face.

Pour en revenir à ce que Topito avait appelé le « sexisme ordinaire », j’avoue ne pas avoir la même notion qu’eux. Bah oui, SURPAÏSE, Contrex parle de calories, les magazines féminins de shopping… so what ? Les hommes et les femmes sont foutus différemment, c’est un fait. On ne peut malheureusement pas éviter quelques clichés. Pour autant, personnellement je m’en fous que Mode & Travaux soit considéré comme un magazine féminin et L’Equipe comme un magazine masculin, tant qu’on ne m’oblige pas à lire le premier et qu’on ne m’interdit pas de lire le second. Parmi les commentaires j’en ai toutefois lu un très vrai : « l’égalité homme/femme n’existera jamais réellement tant que je ne pourrai pas porter d’enfant et que ma femme ne traversera pas toute la ville à 3h du matin pour satisfaire mon envie de steak saignant ». Voilà. Hommes et femmes sont inégaux par nature, le gender marketing l’a bien compris et en use. Personnellement je ne trouve pas dégradant d’aimer le shopping, donc je me moque comme de ma première babouche qu’un magazine féminin mette une pub dessus.

Le sexisme ordinaire, ce n’est pas de cibler ses pubs. Le fait est que les magazines féminins ont de beaux jours, que le côté shopping/beauté, ça attire un certain nombre de femmes. Ça ne sert à rien de le nier. Ça ne sert à rien de se tromper de combat.

Le sexisme ordinaire, c’est quand la prof d’EPS de ma sœur, 15 ans, interdit aux filles de porter des débardeurs sous prétexte que ça va déconcentrer les garçons. Parce que c’est bien connu, c’est aux filles de faire attention à leur tenue vestimentaire pour ne pas perturber ces pauvres garçons un peu idiots qui seraient incapables de regarder devant eux si on ne les aidait pas un peu.

Le sexisme ordinaire, c’est quand dans une discussion sur l’équilibre vie professionnelle/vie familiale, des femmes se mettent d’accord sur le fait qu’on « ne peut pas tout avoir », alors que ça semble naturel que des hommes puissent être de bons pères de famille tout en ayant une carrière accomplie.

Le sexisme ordinaire, c’est quand un patron ne propose même pas la promotion à sa collaboratrice parce qu’il part du principe qu’elle va la refuser pour ne pas devoir rester plus tard au boulot.

Le sexisme ordinaire, c’est aussi à l’inverse considérer qu’un homme doit travailler plus tard.

Le sexisme ordinaire, c’est quand facebook ne considère pas que le message « voici le nom de cette grosse pute qui s’est tapé mon mec, allez tous l’insulter », est un message d’incitation à la haine qui va à l’encontre de ses standards. Pas plus que des groupes du style « une pute tuée = un couple sauvé ».

Le sexisme ordinaire, c’est quand je vois des amies tout à fait intelligentes liker des posts du type « une femme bien est une femme qui n’est mauvaise qu’avec un seul homme ».

Le sexisme ordinaire, c’est taquiner un homme qui se montre un peu sensible.

Le sexisme ordinaire, c’est d’excuser les fautes en disant « après tout, les hommes ont des besoins », comme si c’étaient des animaux alors que les femmes sont des êtres supérieurs capables de bien plus de maîtrise.

Le sexisme ordinaire, c’est un homme qui conseille en toute bonne foi à une amie de ne pas sortir en jupe alors qu’elle compte rentrer tard.

L'image vient de chez Topito, parce qu'au fond je les aime bien. Il s'agit d'une pub égyptienne dont la traduction est, en gros "si tu sors à poil, faut pas s'étonner d'attirer les mouches". Fort sympathique.

Image dénoncée par Topito, parce qu’au fond je les aime bien, quand même. Il s’agit d’une pub égyptienne dont la traduction est, en gros « si tu sors à poil, faut pas s’étonner d’attirer les mouches ». Fort sympathique.

J’ai un vrai problème avec le sexisme ordinaire parce qu’il influe sur les mentalités l’air de rien, qu’il n’est pas issu de gens particulièrement stupides ou mauvais. C’est juste un reflet de nos mentalités.

J’ai un problème avec le sexisme ordinaire parce que pendant longtemps, il m’a fait croire que je n’étais pas normale d’être une femme et d’avoir une plus grosse libido que celle de mon premier copain.

Dans le genre sexisme ordinaire, le site 9gag est un champion. J’ai longtemps aimé ce site avant de me rendre compte à quel point il empoisonnait mon esprit à cause de sa population de types seuls, tristes et incroyablement frustrés. De mecs qui traitent toutes les filles qui commentaient d’ »attention whore », qui chouinent d’être dans la « friendzone ». ça c’est la spécialité du site. Une bande de boutonneux qui pleurnichent parce que les filles ne veulent pas des gentils garçons qu’ils sont et préfèrent les salauds.

J’ai un scoop. Généralement, quand un mec sympa est dans la friendzone, c’est souvent qu’il est moche. Je suis désolée, c’est triste à dire, on est d’accord. Mais c’est un fait, une fille ne va pas forcément repousser son beau gosse de meilleur ami sous prétexte qu’elle préfère les salauds. Pour faire plus politiquement correct : vous n’êtes pas forcément moche. Elle n’est simplement pas attirée par vous. Il y a aussi l’option où elle attend simplement qu’il se sorte les doigts des fesses et lui dise ce qu’il ressent, ou n’en a tout bonnement pas conscience.

En plus, ces mecs qui se targuent d’être super attentionnés et gentils ne le sont que pour obtenir ce qu’ils veulent. Par derrière ils se rassemblent sur le petit site minable pour cracher sur ces filles qui ne veulent pas d’eux alors qu’ils sont si amoureux, si gentils.

J’ai un autre scoop. Vous ne valez pas mieux que les beaux salauds auxquels les élues de votre cœur s’amourachent. Ce qui vous différencie d’eux, c’est que ne pouvez simplement pas vous permettre autant de crasses.

Rendons quand même justice : il y a bel et bien des posts intelligents.

Rendons quand même justice : il y a bel et bien des posts intelligents.

J’ai donc fui ce site et à partir de là, commencé à mieux assumer ma sexualité et à ne pas avoir honte de ne pas tomber amoureuse de chaque mec qui m’accorde un peu d’attention tout en me balançant plein de sous entendus et de regards énamourés de chien battu.

Voilà, c’était mon petit quart d’heure aigri du moment, m’en voulez pas, ça faisait longtemps, j’ai le droit !