Oedipe was the first Motherfucker

Il m’est arrivé récemment d’émettre un sérieux constat : j’attire les fils à maman. J’ai commencé ce processus par Régis, bien sûr. Il vivait chez sa mère à 26 ans et se préparait à emménager dans un nouvel appartement, toujours avec elle. Il parlait d’elle en disant « maman » au lieu de « ma mère », même quand il parlait à son directeur de thèse, ce qui, paraît-il, est le signe d’un complexe d’Oedipe non résolu. C’était sa mère qui lui achetait ses slibards. Des slips kangourous, so sex‘.

Mais je pensais que j’avais juste pas eu de bol, que c’était exceptionnel. Et puis j’ai rencontré celui que je nommerai par la suite affectueusement „le Bulot“.

Un bulot. ça vous donne une petite idée de l'aspect sexy de cette rencontre.

Un bulot. ça vous donne une petite idée de l’aspect sexy de cette rencontre.

Le „Bulot“, je l’ai rencontré alors que j’attendais mes copines – moi toujours en avance, elles toujours en retard – devant un de ces restos pour nanas au régime, le Paradis du Fruit.

En grande carnivore, je regardais la carte à l’extérieur avec un air vaguement désespéré, lorsqu’un homme derrière moi me dit qu’il me trouve très mignonne. Rendue agressive par la perspective d’un repas frugale et vert, je lui rétorque „et tu as deviné ça de dos ?“.  Il me répond alors qu’il était passé dans l’autre sens, m’avait vue, avait hésité puis avait fait demi tour pour me parler. J’ai trouvé ça plutôt mignon et, d’humeur radoucie, ai accepté de lui filer mon numéro. Note à moi même qui peut vous servir : ne jamais, jamais, ô grand jamais, donner son numéro à un inconnu dans la rue. Si y en a une qui a déjà rencontré l’homme de sa vie comme ça, qu’elle me fasse signe.

Bref. Le Bulot était agent de sécurité dans des boutiques de luxe, c’était relativement sexy. Point positif : ses sms ne comportaient pas de fautes. Ça me changeait du type que je voyais à l’époque, Marc – on reparlera de Marc – qui écrivait comme un kikoo lol de douze ans.

Le Bulot et moi sommes allés boire un verre un soir. Déjà, il me paraissait moins beau que dans mon souvenir. Ensuite, j’ai tiqué quand au bout de vingt minutes de conversation, il avait parlé de sa mère trois fois, dont une pour me dire qu’il partait en vacances avec elle. Là, j’ai commencé à penser à Régis, et j’ai flippé.

J’ai donc „subtilement“ casé un „et tu vis où, tu as ton propre appart‘ ?“. Ce à quoi il a avoué vivre chez sa mère. Pour info, le Bulot avait trente ans.

Bon alors là, je savais que c’était mort. D’ailleurs, je l’ai ouvertement traité de fils à maman. Au fil de la soirée, le Bulot tente de me convaincre de m’emmener à l’hôtel. J’ai essayé de lui faire comprendre que ce n’était pas vraiment dans mes intentions, mais rien à faire, il persistait à me vanter ses exploits, disant que j’allais vite changer d’avis et qu’il n’avait pas trente ans pour rien. Il a tellement insisté que j’ai fini par lui dire que j’avais mes règles juste pour qu’il me foute la paix. „Mais on remet ça, hein“.

En partant, il a voulu m’embrasser. En voyant son visage approcher, j’ai tenté un mouvement de recul, mais rien à faire, ses mains se sont plaquées sur mes joues et sa bouche a commencé à … m’aspirer.

Alors déjà, il avait une haleine de clope, et je supporte pas la clope, ça me file la gerbe. Mais mon dégoût a été très fortement accentué par cette langue énorme qui cherchait visiblement à atteindre le fond de ma gorge et à intenter à ma vie en m’empêchant de respirer. Après une lente suffocation, il a fini par se reculer et j’ai pu m’échapper. J’ai eu envie de vomir sur tout le chemin du retour.

Bref, j’en étais alors venue à me dire que je devais dégager quelque chose de maternel qui attirait certains types d’hommes. Et par la suite, j’ai réalisé que même mes plans cul n’attendaient pas de moi seulement une amante, ils attendaient une mère. Bande de tordus.

Prenons Vivien, par exemple. Ce mec aurait pu me sauter sans me dire qu’il m’aimait, mais il avait besoin de plus. Il avait besoin d’affection. Sans doute parce que son père lui avait dit qu’il n’était pas désiré et que sa mère ne lui faisait jamais de câlins quand il était petit (ce sont ses propres dires). Un jour, il m’a même dit qu’il sentait chez moi l’amour inconditionnel d’une mère.

Ensuite il y a eu Marc. Un peu fils à maman aussi, mais moins que les autres, ce qui était déjà une victoire. Mais idem, ce type aurait pu se contenter de me sauter régulièrement, mais non. Fallait qu’il me donne du „chérie“, me dise qu’il tenait à moi et m’emmène au resto et au ciné pour prouver qu’on ne „s’aime pas que pour ça“. Tout ça pour me jeter lorsque je lui dis que je voudrais qu’on soit plus que des sex friends.

Et puis il y a Roger (pas trouvé mieux comme prénom). Roger est un type un peu étrange (il lèche son écran de portable pour le déverrouiller) que j’avais rencontré juste après la fin de mon „histoire“ avec Vivien. J’étais tellement désespérée de trouver quelque chose à quoi me raccrocher que je l’ai laissé me draguer et suis entrée dans son jeu jusqu’à me dire que je pourrais éventuellement me le faire. Le fléau du désespoir.

Ça a donc fini par arriver. Je dois lui accorder ceci : il était vraiment, vraiment, vraiment très très bien monté. Une largeur comme j’en avais jamais vu. Ça en faisait un sextoy humain très convenable.

Juste pour vous donner un ordre d'idée.  Crédit : http://www.gourmetsandco.com/marche-du-gourmet/6332-charcuteries-du-jura Juste pour le titre de leur photo "Une saucisse de Morteau qui en dit long", fallait que je les cite.

Juste pour vous donner un ordre d’idée.
Crédit : http://www.gourmetsandco.com/marche-du-gourmet/6332-charcuteries-du-jura
Juste pour le titre de leur photo « Une saucisse de Morteau qui en dit long », fallait que je les cite.

Bon, pour le reste, l’ambiance était quand même pas top. Le gus me souriait tout le long de la bagatelle en me fixant sans émettre le moindre son. Je dis pas que faut simuler à fond, mais un minimum de réaction pour me signifier que je suis sur la bonne voie, ce serait sympa. Surtout que c’est quand même vachement perturbant de lever les yeux en fellation pour voir un mec vous regarder avec un sourire digne du Joker. Bon en plus, il me faisait mal à la mâchoire ce con.

Why so serious ?

Why so serious ?

Le seul moment où il a émis un son était le moment de l’orgasme. Un bruit étrange, un peu comme celui qu’on entend lors des courses de formule 1. J’ai fini par le surnommer „Ferrari“. Moi j’vous l’dis, heureusement qu’on était en levrette, ça cachait le fou rire.

J’ai oublié de le préciser, Roger était en couple (lui-même avait oublié de le préciser pendant un moment avant de la mentionner au détour d’une conversation, persuadé qu’il m’en avait parlé). Bon, je m’étais promis de plus faire dans le mec en couple, mais en fait je m’en foutais. Je savais que je m’attacherais pas à lui, et puis franchement, je doutais être la première avec laquelle il cocufiait la donzelle.

Après l’épisode Ferrari, on ne s’est pas revus, mais de temps en temps il m’écrivait pour demander à me voir. Entre temps j’avais établi un contrat d’exclusivité avec Marc, alors j’éludais un peu la question.

Un jour, Roger vient me parler sur Facebook, peu après la saint Valentin, pour pleurnicher parce que ce jour là… il s’était fait lourder.

Alors euh, comment dire ?

1 – J’ai dû résister à la tentation de dire que c’était bien fait pour sa gueule

2 – Sans déconner, qui vient se plaindre de s’être fait larguer par sa copine auprès d’une nana qu’on a sauté une fois, et surtout, avec qui on l’a trompée ? Faut vraiment être con. Ça m’a rappelé quand la copine de Vivien avait des soupçons et qu’il m’avait dit qu’on ne pouvait pas rester en contact au cas où il aurait „la chance qu’elle le reprenne“. Ça faisait des mois qu’il promettait de la quitter. Alors il avait pas à me parler de „chances“ qu’elle revienne. Gourgandin, va.

Enfin bon, c’est là que j’en suis venue à me dire qu’en plus d’être leur pute, ces hommes là me prennent aussi pour leur psy/leur môman. Ils cherchent du réconfort auprès de moi. Je suis pas là que pour compenser leur manque en cul, mais aussi pour compenser un manque affectif. J’attire les hommes qui ont un vide émotionnel à combler. Et ça me gonfle. Cette pauvre Jocaste avait rien demandé à personne, et moi non plus. J’veux pas avoir l’air d’une maman et me faire culbuter par des abrutis au complexe d’Oedipe non résolu, non mais. 

Laisser un commentaire